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Barbie, Lottie et Katia Krafft, l’importance de la représentation pour les petites filles

Bon, cette nouvelle gamme de Barbie étant à la fois en couverture du Time magazine et sur 9gag, je me dois d’en parler un tout petit peu, mais pas que de ça.

Disons-le tout de suite, ces poupées, avec leurs 4 corps, 7 ethnies, etc. c’est de la personnalisation, on est bien placés pour le dire 🙂

Si on lit l’article du Time justement, ils disent bien que ces poupées seront vendues en ligne et non dans les réseaux de distribution classiques, car ce serait ingérable (même s’ils évoquent de la vente en lot). La gestion des stocks, les choix des responsables de magasins peureux, les régions où elles seront vendues : il faut se rendre à l’évidence que

  • c’est plus rentable de les vendre en ligne d’un point de vue logistique pure (encore plus quand on perd déjà des tonnes de fric comme Mattel depuis trois ans, face à Lego qui attire les filles avec de nouveaux jouets plus cool)
  • c’est plus simple d’attirer la cible réelle de ces poupées sur internet, car ce sont des parents qui recherchent des jouets différents, qui sont déjà dans une ouverture et une quête dont n’ont rien à faire les mamans reloues qui critiquent déjà la chose depuis hier. (J’aurai honte d’offrir une poupée « grosse » à un anniversaire, les enfants n’ont pas besoin de ça pour imaginer des choses en jouant, ça donne l’image d’une alimentation pas saine et toutes les conneries que je viens de lire à droite à gauche dans les commentaires).

Donc Squiddykid proposant également de la personnalisation, je trouve que leur démarche va dans le bon sens et que c’est une bonne chose pour plein de petites filles qui auront enfin une Barbie (la plus mythique des poupées, qu’on l’aime ou pas) qui leur ressemble.

Quid de la Barbie classique qui n’a de toute façon jamais ressemblé à personne, mais bref.

Dans l’article du Time, ils expliquent que lors des tests consommateurs, certaines petites filles se moquaient de la Barbie « curvy », mais qu’elles finissaient toutes par choisir, dans cette nouvelle gamme, la poupée qui avait les mêmes cheveux qu’elles, dodue ou non. Les petites filles ont donc bien besoin de trouver un lien physique malgré ce que pensent certaines mamans.

Barbie-now-curvy-tall-and-pet

Donc ok sur la forme, ce qui m’embête un peu plus, c’est le fond. On le sait, Barbie n’est rien d’autre qu’un corps, un porte-manteau à cheveux longs, avide de fringues roses et de toujours plus d’accessoires 🙂 J’avais moi-même le camping-car rose Barbie étant gamine, et je l’aimais beaucoup ce truc.

Mais les rares carrières professionnelles de Barbie, parlons-en ! Elle n’est pas simplement médecin, elle est pédiatre. Elle est astronaute, mais en combi rose et sur la pointe des pieds. Quand elle est scientifique, toujours en rose, elle ressemble honnêtement plus à la fille de l’accueil là où je faisais mes analyses d’urine pendant la grossesse qu’à un prix Nobel… Et on apprend aussi toujours dans le même article du Time, qu’en 1992 ils ont sorti une Barbie parlante qui disait « les math c’est dur ». You-piiiiiiii.

(J’ai aussi trouvé cet article sur une autre tentative : un livre Barbie codeuse, qui entre les lignes est Barbie demeurée a besoin des mecs >> tollé sur le net).

Bref, Barbie est une coquille vide, une poupée mannequin au sens propre du terme qui ne fait plus rêver les petites filles d’aujourd’hui. Mais le combat se mène au quotidien et j’ai un super exemple récent.

Sur twitter, Luckyslug, une maman que je connais a tweeté ça.

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Déjà ça m’a encore foutu les boules (désolée je fais ma Jean-Pierre Coffe de l’édition, mais ça me révolte à chaque fois. Mon futur ulcère fait son petit nid). Mais j’ai trouvé sa réaction très saine : trouver des représentations du contraire, lui montrer que c’est possible, car des livres (notre boulot chez squiddykid) ou des poupées le montrent. Je reviendrai dans d’autres articles sur les livres sexistes, les exemples ne manqueront pas. Mais pour revenir aux poupées, j’ai découvert cette marque grâce à elle : Lottie.

Ils ont des poupées astronome, pirate, archéologue… sans panoplie monomaniaque du rose et ça fait du bien. Et leur vidéo booster de fillettes (avec le petit clin d’oeil revanchard à Barbie) est très sympa 🙂 Alors oui niveau ethnie ils ont je crois une poupée noire et ils devraient développer cet aspect-là, mais je valide beaucoup plus que les nouvelles Barbie. Ce n’est pas assez, mais ce sera toujours plus positif de montrer une seule femme faisant des métiers d’homme (ou en tout cas ce qu’on impose comme tel) que des femmes de toutes ethnies juste bonnes à changer de fringues et pas plus.

Pour finir sur une anecdote plus perso, quand j’étais petite, comme toutes les gamines j’ai eu envie de faire plusieurs métiers. Je voulais être écrivain, puis vers dix ans j’ai vu un documentaire à la télé sur les Krafft : un couple de volcanologues, Katia et Maurice Krafft, deux français. Et là, devant moi je voyais une petite nana, qui avait fait des études de sciences et qui était devenue experte en volcans AVANT de trouver son mari dans le même domaine, et qui était une vraie bad-ass. Je me souviens de son bonnet moche et de ses grosses chaussures de marche, et d’à quel point je la trouvais trop cool. J’avais enregistré le docu sur une VHS (nostalgie) que je regardais souvent, j’avais fait plein de recherches sur les volcans et moi aussi je voulais devenir volcanologue. Si elle l’avait fait, alors c’était possible.

Epoux_Krafft

Bon, ça a duré un an et après je suis retournée à mes petites histoires et mes livres.

En tout cas si vous avez vécu des moments de solitude comme Luckyslug face à des réflexions de vos fillettes, n’hésitez pas à les partager 🙂 De même que les solutions ou bricolages trouvés pour y remédier.

(comme ce papa qui a recodé pour sa fille le jeu Zelda afin que le héros soit une héroïne ou un autre papa, je ne retrouve plus le lien, qui lisait Bilbo le Hobbit en adaptant tous les accords de genre, car sa fille pensait que Bilbo était une nana).

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