Avis aux parents : le féminisme n’est pas un gros mot :)
Petites filles, mais aussi petits garçons : nos enfants ont besoin du féminisme pour construire une société meilleure, plus bénéfique aux femmes comme aux hommes, la société dans laquelle ils seront adultes demain, et on sait qu’ils grandissent vite !
Pour la journée internationale des droits des femmes, on a eu envie de défendre ce mot, qui porte beaucoup de préjugés, et de vous parler de nos projets en cours à travers plusieurs points :
- définition du féminisme
- le problème pour les fillettes dès 6 ans
- les médias pour enfants et le syndrome Trinity
- l’importance des livres pour enfants dans ce combat
- Bilibok : des livres à venir sur ce thème 🙂
- le magnifique article de Chimamanda sur l’éducation féministe des enfants (et pas que des fillettes) à lire ABSOLUMENT !
Petite définition du féminisme
C’est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales qui partagent un but commun : définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes.
Reformulation : ça ne veut pas dire que les femmes sont supérieures aux hommes, ni qu’elles les détestent ou veulent les asservir 😀 Les bénéfices d’une société plus égalitaire rejailleront aussi sur les hommes et changer la vision qu’on a des femmes au quotidien n’amènera que du positif.
Le problème pour les fillettes dès 6 ans
Début 2017, une étude a été publiée dont les résultats sont effrayants : dès 6 ans, les filles se croient moins intelligentes que les garçons. Elles ont du mal à associer des images d’intelligence, mais aussi de sciences, etc. à autre chose que des hommes.
Ce qui pose un gros problème de confiance en soi, mais aussi d’orientation professionnelle plus tard. Elles délaissent certaines filières pour lesquelles elles ont bien sûr les compétences.
Le pire est qu’elles ont souvent de meilleures notes que les garçons, mais il y a un très gros problème de représentation dans le quotidien des filles de figures féminines incarnant les sciences, les maths, le pouvoir, l’intelligence…
Pour lire cet article sur l’étude, c’est ici. 6 ans, il faut faire quelque chose !!!
Les médias pour enfants et le syndrome Trinity
Au-delà de cette journée du 8 mars, j’ai eu envie qu’on parle de ce thème à la suite d’une soirée passée devant le film Lego movie. Un film pour enfant que je pensais drôle et cool pour une soirée télé et qui m’a refroidie dès les premières traces de sexisme assumé.
Pour ceux qui l’ont vu, et sans spoiler pour les autres, une scène du début m’a vraiment choquée : le héros (un nobody qui ne sait rien faire) et l’héroïne (une warrior ultra-compétente) viennent de se rencontrer et se retrouvent dans une situation de danger. Et là, pendant que la fille explique au mec les enjeux, le plan, comment s’en sortir, le héros N’ÉCOUTE PAS CE QU’ELLE DIT et l’imagine en mode séduction à lui faire des compliments à lui, avant d’avouer qu’il n’écoutait pas et de lui faire tout répéter. Ce qu’elle fait. Ils sont en danger de mort et il leur fait perdre du temps à tous les deux car il ne peut pas la voir autrement qu’en fille canon fan de lui.
J’ai eu l’espoir un moment que ce personnage de héros ait un arc narratif riche et qu’il se rende compte à quel point il est sexiste d’ici la fin du film : en fait non. Typique représentation de ce que des féministes appellent le Syndrome Trinity depuis le film Matrix (Tasha Robinson utilise l’expression « Trinity Syndrome » pour désigner le trope consistant à introduire un personnage féminin particulièrement compétent et intéressant, pour finalement le réduire à la fonction de bras droit du héros masculin) et qui a le don de m’énerver pendant que la plupart des hommes trouvent ça tout à fait naturel.
Si vous souhaitez approfondir, voilà un article qui expose en 10 films ce syndrome.
Dans tous les cas, le problème de vision de cette inégalité (les femmes/filles le ressentent, mais l’acceptent comme la norme et les hommes/garçons ne le voient même pas) montre qu’il y a un gros travail de sensibilisation à faire afin que les fillettes réagissent et sortent de ce modèle, et que les petits garçons ne reproduisent pas des schémas archaïques et qui ralentissent la possibilité de cette égalité.
L’importance de lire des livres jeunesse à vos enfants dans ce combat
Les stéréotypes s’installent donc dès le plus jeune âge et il ne fait aucun doute aujourd’hui que la littérature jeunesse y contribue largement. C’est important de lire des livres aux enfants parce que ça les aide à se construire et à se positionner, mais il est important de choisir les bons. Un article paru chez Slate récemment clarifie le processus qui peut mener à la mise en place de certains comportements et détaille comment la fiction influence l’attitude chez les enfants.
Que ce soit en matière de stéréotypes de genre ou de diversité, l’offre actuelle ne correspond plus à la société d’aujourd’hui. Chez Bilibok, nous voulons contribuer à proposer aux enfants et à leur famille des livres qui mettent en avant l’égalité des sexes et la diversité sous toutes ses formes.
Bilibok : nos livres à venir
Les deux prochains livres à sortir chez Bilibok vont, on l’espère, faire bouger les lignes en faveur de la représentation des fillettes !
- Comme un million de papillons noirs : inspiré par une phrase de Toni Morrison sur les cheveux afros, cet album nous raconte le parcours d’acceptation d’une petite fille noire pour ses cheveux, entourée de sa mère, de ses tantes et d’un brin de magie. Empreint de poésie, ce livre apportera une représentation positive et un soutien à de nombreuses fillettes qui acceptent mal les papillons magnifiques endormis sur leur tête…
Auteure : Laura Nsafou. Laura tient le blog militant afroféministe Mrs Roots. Son premier roman tout juste publié, elle poursuit ses explorations littéraires avec cet album qui est son premier livre pour la jeunesse.
Illustratrice : Barbara Brun. Le style de Barbara est doux et coloré. Elle a déjà illustré de nombreux livres pour la jeunesse et son enthousiasme pour nos valeurs ainsi que les superbes portraits afros qu’elle nous a envoyés font qu’on est très fiers de travailler avec elle.
- Nous travaillons également sur un nouveau projet dont l’idée a germé après la claque de cette étude sur les fillettes et l’intelligence (6 ans !!!). Un livre féministe à destination de toutes les fillettes, quelles que soient leur ethnie, leurs particularités, leurs envies et leurs passions. Un livre ambitieux qui propose des représentations positives et inspirantes, écrit et illustré par des femmes multiples également. On vous en reparle très vite car nous préparons une campagne de crowdfunding pour lancer ce beau projet dans les conditions idéales qu’il mérite.
Magnifique article de Chimamanda Ngozi Adichie sur l’éducation féministe des enfants (et pas que des fillettes) à lire ABSOLUMENT !
Auteure nigériane et féministe assumée, elle a écrit entre autres le roman Americanah (un des livres préférés de Seb, notre dev’) qui va être adapté au cinéma. On l’avait déjà adorée pour son TED sur le danger d’une histoire unique, dont on parlait dans l’article précédent et qui explique avec humour comment, petite, elle lisait des livres de fillettes blanches sous la neige tout en étant dans la chaleur du Nigéria, et que cela lui semblait normal.
Après la naissance du bébé d’une de ses amies, elle a écrit un très bel article sur l’éducation féministe des enfants, à lire sur son Facebook en anglais. Nous sommes en train de le traduire pour vous, on mettra la version française sur le blog très vite.