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Novembre : des hauts et des bas

La seule bonne nouvelle de ce mois pourri, c’est qu’on est quasiment prêts. On règle quelques bugs du site dans les jours qui viennent, mais réservez de la place sous le sapin, on arrive enfin…

On a calé nos problèmes de chromie, retouché des illustrations, préparé notre listing presse, terminé les parties chiantes du site (CGV, mentions légales, etc.), testé le site à donf…

On a aussi reçu les autocollants qui vont sur les cartons d’expédition et les marque-pages à distribuer aux copains. Trop hâte que vous puissiez voir tout ça !

Par contre, j’ai rarement eu une semaine aussi dure. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans la vie, on dirait que plus un truc important et cool approche, plus une grosse tuile est prête à vous tomber dessus.

Mon chat est mort mardi matin. Je l’avais depuis 16 ans, il vivait même sur 3 pattes ces dernières années, et j’ai du le faire piquer. Quelques jours avant, j’avais liké sur twitter le texte d’un poète soufi, Djalâl-od-Dîn Rûmî (traduit par Claude Farni) qui m’est revenu à l’esprit quand je suis sortie de chez le véto pour rentrer chez moi avec la boîte de voyage vide :

 

Ainsi l’être humain est une auberge.
Chaque matin, un nouvel arrivant.
Une joie, un découragement, une méchanceté,
une conscience passagère se présente,
comme un hôte qu’on n’attendait pas.

Accueille-les tous de bon cœur !
Même si c’est une foule de chagrins
qui saccage tout dans ta maison,
et la vide de ses meubles,
traite chaque invité avec honneur.
Il fait peut-être de la place en toi pour de nouveaux plaisirs.

L’idée noire, la honte, la malice,
accueille-les à ta porte avec le sourire
et invite-les à entrer.

Soit reconnaissant à tous ceux qui viennent
car chacun est un guide
qui t’est envoyé de l’au-delà.

 

J’ai passé la journée de mardi à pleurer avec une bonne grosse migraine. J’ai fait le ménage partout chez moi pour ne plus voir de petits poils blancs traîner, ni toutes les traces de la fin difficile, que je vous épargne.

Et mercredi matin, je me réveille avec quoi ? L’hallu totale : la victoire de Trump ! La bonne grosse claque dans la tronche.

Comme tout le monde sur mon flux twitter et autour de moi, j’avais l’impression que les choses progressaient, le sexisme, le racisme, les droits des LGBT. Ça progressait doucement, c’est sûr, mais on était sur la bonne voie. Mais on est dans notre bulle, entre nous. On essaie de faire avancer les choses sans réaliser que la majorité de la société autour de nous n’est pas sur la même marche de l’escalier. Qu’ils en ont rien à foutre de tout ça et que le monde merdique et rétrograde leur convient très bien. Qu’il les rassure, même, dans leurs pseudo petits privilèges.

Entendre que des femmes ont voté en bon nombre pour ce gros porc me déprime. Que la jeunesse blanche américaine, moderne, qui veut « rendre le monde meilleur » n’est qu’un ramassis de racistes nouvelle génération, la même que papa, mais qui se planque derrière de belles paroles (les récap’ de faits divers juste pour la première journée après son élection sont effrayants…).

Chez nous, c’est dans quelques mois qu’on risque de se prendre la même ! Et c’est flippant.

Bon, je ne parle même pas de la petite couche supplémentaire ce matin avec la mort de Leonard Cohen. Niveau talents perdus cette année, on n’est plus à ça près (et l’année 2016 n’est pas encore terminée). Dire qu’on avait hâte que 2015 se termine l’an dernier pour oublier toutes les horreurs, on a été servis. 2017, que nous prépares-tu ?

Bon, histoire de positiver un peu quand même, je reviens sur mon chat. Ça faisait un moment que je nettoyais tous les jours du vomi, que je lui donnais de la pâtée en mousseline car elle ne pouvait rien avaler d’autre, que je changeais plusieurs fois par jour la serviette pleine de pisse devant sa litière etc… Et tout ça était devenu ma routine par habitude. Tant qu’elle tenait, ça m’allait. Ça faisait partie de ma journée type.

Ce n’est que depuis quelques jours que je réalise que non, ça n’allait pas. Que ce n’était pas normal. Sauf qu’avec le quotidien, j’avais oublié ce que c’est de ne pas nettoyer le sol de la cuisine 15 fois par jour ou de ne pas lancer des machines de serviettes en continu. D’avoir un appart’ clean, du temps en plus, du stress en moins, de ne plus entendre des bruits de chat malade ou de pouvoir laisser toutes les portes ouvertes sans avoir aussi le lit de mon fils à nettoyer. Au début, je culpabilisais mais en fait, c’est ça qui est normal. Et je me le cachais depuis des semaines.

Et sans tirer la métaphore merdique trop loin, c’est aussi comme ça pour la société qu’on veut vraiment. On le sait que ce ne sont pas nos politiques qui vont faire changer les choses à la vitesse à laquelle on a besoin qu’elles changent. Ni les politiques, ni les grosses boîtes, ni tous ceux qui sont bloqués dans cet ancien monde qui meurt et qui les fait tous s’accrocher au bateau qui coule. C’est dur et ça demande du boulot mais des initiatives sont prises à beaucoup d’endroits et par beaucoup de monde. De très modestes ou avec plus d’ambition, mais qui prennent en compte tout le monde et qui veulent sortir de tout ça. Il faut juste réaliser ce qu’on ne veut plus subir, ce qui n’est pas normal, et passer à l’action en plus d’ouvrir sa gueule. D’emmener les autres avec nous, tout le monde, en se posant des questions, sortir de notre bulle.

Allez, je vais hurler un bon coup avant d’écouter du Leonard Cohen devant la pluie qui tombe, saleté de mois de novembre. Ma maison intérieure est saccagée et vidée de ses meubles. La place est faite. Je suis prête pour accueillir la suite… Et elle a intérêt à être belle !

 

Comments

  • Bon courage, et tout mon soutien <3

    13 novembre 2016

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